Rien à voir avec les crises du capitalisme


L’Histoire , n° 475, Septembre 2020.

Pour Robert Boyer, nous ne vivons pas la répétition d’une grande crise du capitalisme comme en 1929, mais une mise à l’épreuve de la capacité des États à répondre à la demande de sécurité sanitaire, économique, et finalement écologique, des citoyens.

L’Histoire : En quoi la crise que nous vivons aujourd’hui se distingue-t-elle des crises du passé ?

Robert Boyer : La grande nouveauté, c’est que la situation actuelle n’est pas le produit des mécanismes internes au capitalisme comme ce fut le cas en 1929, 1973 ou 2008. En 1929, la crise surgit des contradictions d’un régime d’accumulation caractérisé par une production de masse sans consommation de masse. D’où une chute abyssale de la production, avec déflation et paupérisation de la population. En 1973, c’est le modèle fordiste, fondé sur la conjonction d’une production de masse et d’une consommation de masse, qui s’enraye : à partir de 1967, les États-Unis sont touchés par une accélération de l’inflation, une stagnation de la productivité et, par contrecoup, une tension sur les salaires et un décrochage du statut du dollar. Contrairement à 1929, la demande est bien présente, mais c’est la production qui n’arrive pas à suivre. Le …

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