Spéculation, inégalités : les mirages de l’intelligence artificielle


Alternatives Economiques, 1er septembre 2023

L’Economie sociale et solidaire. Une utopie réaliste pour le XXIe siècle ?


Collection Mondes en transitions, Les petits matins, Paris, Mars 2023.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
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L’Économie sociale et solidaire :
une utopie réaliste pour le XXIe siècle ?
Auteur : Robert Boyer
L’un des pères de la théorie de la régulation propose une
réflexion sur les voies à emprunter pour faire de l’économie
sociale et solidaire une alternative crédible au néolibéralisme.
Un nouvel opus de la collection « Mondes en transitions ».
En librairie le 16 mars 2023
Prix : 14 €
Collection : « Mondes en transitions »
Nombre de pages : 144
ISBN : 978-2-36383-368-6
Le livre
Après trente années de confiance dans les mécanismes de marché, le début de la décennie 2020 semble
marquer le retour de l’État en tant que protecteur des citoyens et assureur des risques systémiques. Est-ce le
début d’une nouvelle époque d’interventionnisme et la répétition d’un mouvement de balancier qui ne cesse
d’osciller entre État et marché, alors que, de longue date, l’économie sociale et solidaire a proposé une
troisième voie ?
Comment expliquer que celle-ci ne se soit pas constituée en une alternative largement discutée dans la
société et la sphère politique ? Pourquoi n’est-elle pas plus présente dans les débats sur ce que pourraient ou
devraient être les régimes socio-économiques post-covid-19 ? Est-il fondé de voir dans la proposition des «
communs globaux », théorisés par Elinor Ostrom, l’expression d’un renouveau de l’ESS ?
Dans une approche comparative croisant théories et analyses historiques, l’économiste Robert Boyer montre
que l’ESS constitue une composante essentielle qui assure la viabilité du couple État-marché. C’est le terreau
de l’innovation sociale et de la démocratie dans l’économie, qui suscitent la formulation de projets de société
en rupture avec le fondamentalisme du marché.
L’auteur
Robert Boyer est économiste, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS),
vice-président du conseil scientifique de l’Institut des Amériques.

Théorie de la régulation et des crises. Economie politique des capitalismes


Parution de la tradution en Chinois du Manuel Economie politique des capitalismes, La Découverte Paris,2015 Cnina Economic publishing house 2023.

La possibilité d’un régime socioéconomique dominé par l’ESS ?


Entretien avec Robert BoyerPour la RECMA par Thomas LamarcheRenaud Metereau . Dans RECMA 2023/1 (N° 367), pages 34 à 48

Los capitalismos ante el desafio de la pandemia


Traduction Espagnole (avant propos de Alenka Guzman) de l’ouvrage Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie, La découverte, Paris 2020. Gedisa Editorial et UAM, Iztapalapa, Mexico, Novembre 2022

State Capitalism: A comparative and Historical Outlook


In The Oxford Handbook of State Capitalism and the Firm, edited by Mike Wright, Geoffrey T. Wood, Alvaro Cuervo-Cazurra, Pei Sun, Ilya Okhmatovskiy, and Anna Grosman, Part I. The history and logics of State Capitalism, Chapter 2, Oxford University Press, 28 July 2022.

The Transformation of Contemporary Capitalism: Seven Lessons


In Thi Anh-Dao TRAN (Ed.), Rethinking Asian Capitalism. The Achievements and Challenges of Vietnam Under Doi Moi,Part I, « Setting the Scene Over 30 Years: A « Lessons learned » Inspection, Palgrave macmillan, 2022, p. 25-58.

BCE : une nouvelle stratégie pour sauver l’euro face à un futur incertain


Paru dans Alternatives Economiques , Economie +, 26 Juillet 2022

France-Allemagne : « La conjoncture politique de part et d’autre du Rhin relance la question de l’avenir du Vieux Continent »


L’économiste Robert Boyer souligne, dans une tribune au « Monde », la profondeur des différences entre les régimes économico-politiques des deux rives du Rhin, bien loin du discours sur le « modèle allemand ». 

De la difficulté de prédire les crises : à quoi sert l’économie ?


Invité France Culture, Les Matins Emission animée par Guillaume Erner, le 7 Décembre 2021 (Présentation de l’ouvrage « Une discipline sans réflexivité peut-elle être une Science ? Epistémologie de l’Economie« , Editions de la Sorbonne, Paris, Novembre 2021.

La crise sanitaire a chamboulé l’activité économique, mais aussi celles et ceux qui tentent de l’étudier scientifiquement, dont les prévisions ont été bien souvent mises à mal. Nous en parlons ce matin avec Robert Boyer, économiste.

"Unkel", la courbe DAX (principal indicateur boursier allemand) à la Bourse de Francfort, avec des figurines à l'arrière-plan
« Unkel », la courbe DAX (principal indicateur boursier allemand) à la Bourse de Francfort, avec des figurines à l’arrière-plan Crédits : Oed/ullstein bild – Getty

On se rappelle qu’au début de la crise sanitaire, les prévisions économies pour l’après-crise étaient toutes plus apocalyptiques les unes que les autres : chômage de masse et magasins vides étaient annoncés de toute part. Près de deux ans après le début de la crise, si nous ne vivons pas pour autant un boom économique, il semble néanmoins que la situation n’est pas aussi grave que prévu.

C’est l’occasion de s’interroger sur la difficulté qu’il y a à prédire les prises et leurs conséquences, et du même coup, sur l’utilité de la discipline économique. Cette dernière se présente volontiers comme la plus scientifique et mathématique des sciences sociales, et pourtant, elle semble avoir bien peiné face à la crise sanitaire. A quelles conditions peut-elle alors prétendre traiter plus justement les périodes de crise comme celle que nous connaissons ?

Ce sont les questions que nous abordons avec Robert Boyer, économiste, directeur d’études à l’EHESS et membre du conseil scientifique à l’Institut des Amériques (CNRS), auteur de Une discipline sans réflexivité peut-elle être une science ? Épistémologie de l’économie (Editions de la Sorbonne, 2021) et de Les Capitalismes à l’épreuve de la pandémie (La Découverte 2020).

Les biais de la macroéconomie classique

Dans vos deux derniers livres, l’interrogation est au fond la même : vous commencez par vous demander quelles sont les conséquences économiques de la pandémie, et puis vous dites également que votre discipline a du mal à prévoir les conséquences d’une crise comme la pandémie. Pourquoi a-t-on tant de mal à le faire ? Pourquoi cette situation économique, qui n’est pas si catastrophique que cela, n’a-t-elle pas été prévue par la profession ?

Il faut savoir que la discipline économique s’est fondée sur quelques postulats qui ont fait son succès mais qui l’ont séparée des autres disciplines. La Covid a été interprétée comme un mauvais moment à passer, et dès que les vaccins ont été mis au point, on a dit que la crise allait se terminer. Pour les économistes, déclaration valait action.

Un deuxième élément, c’était l’idée qu’un équilibre nous attendait, quelque part. Toute la théorie moderne de la macroéconomie, notamment celle de Keynes, c’était l’idée qu’il y avait des déséquilibres permanents et structurels La nouvelle théorie macroéconomique dit au contraire : il y a un équilibre stable, et seuls des éléments imprévus le perturbent. Or est-ce que la pandémie était si imprévue ? Non, beaucoup d’experts avaient évoqué la menace. Donc la question est celle de l’isolement des économistes. Il faudrait remplacer la notion d’équilibre par celle de processus interactif : processus interactif du virus, celui des décisions politiques, celui de la finance…

Les économistes classiques diraient que c’était un mauvais moment à passer. Mon livre consiste plutôt à dire cela vient des fondements même, au cours des 25 dernières années, des concepts qui nous ont écartés de la situation du monde réel.

Histoire des crises économiques : où l’on apprend que comparaison n’est pas raison

Les premières comparaisons qu’on a faites étaient donc complètement hors sujet : on a parlé de la crise de 2008, de la crise de 1929, de la peste noire…

C’est un biais quantitativiste : 1929, c’était l’effondrement d’un régime d’accumulation. Les agents avaient l’habitude d’agir au jour le jour, et la dynamique était telle que les actions étaient compatibles. Brutalement, en 1929, alors que tous les économistes imaginaient une prospérité infinie, voilà que s’effondrent les marchés financiers, et les agents sont titanisés. De même, en 2008 : c’était l’euphorie, et les actifs ne peuvent plus être évalués.

La crise, c’est l’arrêt. Les économistes considèrent que c’est la chute absolue du PIB qui compte, or cette chute peut être due à une crise financière, à un virus ou à la dynamique normale de l’accumulation. Sans prendre cela en compte, ils ont comparé les crises quantitativement, alors que leurs causes n’ont rien à voir : elles sont ici exogènes, là endogènes.

Le poids du politique sur l’économie

Beaucoup d’économistes prévoyaient une sorte de fin du monde, avec beaucoup de chômeurs et de grandes difficultés. En Europe et aux Etats-Unis, on a assiste à quelque chose de très différent : il y a des tensions sur le marché de l’emploi parce que l’on ne parvient pas à embaucher, les marchés financiers n’ont jamais été aussi haut, et un certain nombre de matières premières sont également très chères. C’est le contraire de ce que l’on avait prévu.

Si l’on revient à 1929, on parlait de « la Dépression ». Ce qu’on a oublié, c’est qu’autant le virus était exceptionnel, autant les politiques ont été totalement atypiques : tous les pays ont relancé d’environ 5 à 10% du PIB. C’est ce soutien des revenus qui a totalement changé l’attitude des salariés : au lieu d’être précarisés et de faire la queue, voici qu’ils ont pu arbitrer et choisir de ne pas retourner à un emploi trop difficile. Le processus politique a annulé les conséquences traditionnelles. Cela montre qu’il peut changer la dynamique, qui n’était pas absolue.

D’où le paradoxe suivant : les salariés sortent plutôt renforcés de cette dynamique, parce que leur revenu a été soutenu. Sans compter que la Covid a révélé combien des emplois étaient difficiles à assurer. Voilà qu’on découvre, dans la crise, les problèmes cachés de la décennie précédente. Une faiblesse de la théorie traditionnelle, c’est qu’elle ne prend pas en compte le temps historique : fondamentalement, la prospérité engendre la prospérité. Pour la Théorie de la régulation, la prospérité engendre des comportements déviants qui vont faire passer de la régulation à la crise.

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